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« Seigneur, tous mes désirs sont devant toi » : l'auteur du Psaume n'hésite pas à placer ces mots forts dans sa prière. Et pourtant, la récente révélation des abus sexuels le révèle tristement : l'Église catholique se montre le plus souvent sidérée, peureuse face à la question du désir, du sexe et du plaisir. Davantage, explique ici le prêtre et psychanalyste Jean-François Noel, elle se comporte à la manière d'un adolescent qui découvre avec effroi la réalité de la sexualité.
Comment expliquer autrement sa réticence vis-à-vis des sciences humaines, sa manière de proposer des solutions supposées « spirituelles » à des crises qui relèvent d'un autre ordre, sa tendance même à se focaliser plus sur les pervers que d'avoir le souci des victimes ?
Il est donc urgent pour l'Église de changer son regard sur le sexuel pour dépasser cet effet de peur et de sidération. Car si cette dimension est intégrée de manière positive, elle contribue à l'épanouissement de la personne. Comme l'écrit l'auteur en citant la Genèse : « "L'homme quittera son père et sa mère." Le sexuel génital est ce qui nous pousse à aller vers l'autre, à l'extérieur, sans quoi nous resterions bloqués dans une dépendance à notre famille qui, pour avoir été salutaire dans notre enfance, peut devenir mortelle. »
La récente révélation des abus sexuels dans l'Église montre que celle-ci est sidérée, peureuse face à la question du sexe et du plaisir. Pour éviter la sidération, l'Église doit donc changer son regard sur le sexuel. Car si celui-ci est géré de manière positive, il contribue à l'épanouissement de la personne.